Résidence de Mathieu Kleyebe Abonnenc _ 21/10 – 25/11/12

Publié le 14 novembre 2012 dans Événements, Événements 2012

MATHIEU KLEYEBE ABONNENC

TRICONTINENTAL, UNE ETUDE GRAPHIQUE

Exposition du lundi 19 au dimanche 25 novembre 2012
Vernissage le mardi 20 novembre 2012, à 18h30

Entrée libre du lundi au dimanche, de 13h à 19h et pendant le festival Mode d’emploi, organisé par la Villa Gillet sur le site des Subsistances

Dans le cadre de la résidence : « Combattre comme Bruce Lee, c’est possible ! »
en partenariat avec L’attrape-couleurs
 

L’exposition est la restitution du travail mené par Mathieu Kleyebe Abonnenc lors de sa résidence à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Mathieu Kleyebe Abonnenc mène une étude sur l’aspect graphique de la revue Tricontinental avec un groupe d’étudiants en art et en graphisme ainsi que les artistes du post-diplôme de l’Ensba Lyon. La résidence sera ponctuée de contributions d’auteurs invités. Durant le moment d’ouverture au public, des archives de la revue, des documents produits pour l’occasion et des événements apporteront un éclairage particulier sur l’histoire de cette revue militante publiée à Cuba dès 1967, plateforme éditoriale d’une multitude de voix énoncées depuis l’Asie, l’Afrique et l’Amérique Latine.
 

Mathieu Kleyebe Abonnenc

Né en 1977, Guyane Française – Vit à Metz, France
Il est représenté par Marcelle Alix, à Paris

 Mathieu Kleyebe Abonnenc s’intéresse aux figures oubliées de l’histoire récente, aux personnes, événements ou manifestations liés aux luttes d’émancipation identitaire du XXe siècle. Il utilise des documents du passé – photos, films, publications, partitions, témoignages… –, qui lui permettent de revisiter des moments peu connus de l’histoire des relations entre les anciennes nations impériales et leurs sujets, et de mobiliser ainsi une mémoire collective fragmentaire et bien souvent marginalisée. Opérant à la manière d’un passeur ou d’un traducteur, il cherche à excaver des parts obscures de l’histoire coloniale pour tenter de déconstruire la nature des représentations de l’autre, compris dans le flou de son éloignement ou dans son immédiate proximité, et la façon dont ces représentations fabriquent encore notre réalité, à un niveau personnel ou collectif, à l’échelle d’une vie, d’une communauté, d’une nation ou d’un continent.

 

La résidence de Mathieu Kleyebe Abonnenc à l’Ensba Lyon est placée sous l’intitulé d’une des œuvres de l’exposition précédente au Réfectoire des nonnes sur laquelle est écrit : « Combattre comme Bruce Lee, c’est possible ! », une œuvre anonyme, achetée dans une station service en février 2011, en plein « printemps arabe ». Capable de mettre un adversaire KO en quelques secondes, Bruce Lee incarne, tant dans ses personnages que dans sa propre vie romanesque, la figure du self made man et du héros des luttes pour l’indépendance, contre l’hégémonie des empires. Dans ses premiers films à succès, Bruce Lee combat l’occupant japonais en Chine. Toujours à mains nues, seul contre des forces armées jusqu’aux dents, il s’érige ainsi comme un des premiers héros du « tiers-monde ». Il représentera par la suite la figure d’un passeur entre la Chine et les USA et réémerge avec cette œuvre, dans le contexte du printemps arabe, en une icône éternelle de la jeunesse rebelle, porteur d’espoir, pour qui combattre à mains nues est une issue possible. 

L’exposition est la restitution d’une résidence d’un mois lors de laquelle Mathieu Kleyebe Abonnenc mène une étude sur l’aspect graphique de la revue Tricontinental avec un groupe d’étudiants de l’Ensba Lyon en art et en graphisme ainsi que les artistes du post-diplôme. Publiée à Cuba par l’OSPAAAL (Organisation de Solidarité avec les Peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine) de 1967 à 1996, la revue vise à « fournir une information de première main sur les problèmes et les luttes des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, en donnant en priorité, autant qu’il sera possible, la parole à ceux qui vivent ces problèmes et qui vivent ces luttes. » Cette revue est la poursuite éditoriale de la Conférence tricontinentale qui s’est tenue à La Havane en 1966 et dont les enjeux sont de constituer un front de lutte anti-impérialiste, d’accompagner les mouvements révolutionnaires armés et pacifiques dans leur engagement militant, de soutenir les luttes nationales et sociales des trois continents du Sud, visant une révolution mondiale dans une lutte contre la globalisation, l’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme et le néolibéralisme. La revue est traduite en quatre langues (espagnol, anglais, français et arabe) et distribuée dans 87 pays, avec un poster de propagande politique inséré dans chaque numéro. Publiée aux éditions Maspero de 1969 à 1971, son édition française est interdite pour « subversion ». Mathieu Kleyebe Abonnenc base ses recherches sur les différentes stratégies formelles de la revue, de la date de sa première parution jusqu’à la fin des années 1970. Son évolution graphique selon ses différentes versions, ses passages d’un contexte de réception à l’autre, les alliances que la revue tisse entre des pays manifestent des différences significatives d’une culture politique et artistique à l’autre. Il s’agit de mener un travail sur la question de la traduction, sur les écarts produits entre des textes originaux et leurs différentes versions, il s’agit aussi de tirer profit des éventuels malentendus et approximations sur lesquels une traduction peut reposer, en supposant que ces malentendus peuvent être productifs et s’appliquer jusqu’à la réception actuelle du projet même de cette revue.

Commissariat : Emilie Renard