Résidence d’Emmanuelle Rosso
Résidence du 7 septembre au 28 octobre 2018
Quelques danseurs oubliés
Soirée de restitution : Jeudi 18 octobre 2018 à 18h30
Emmanuelle Rosso propose un univers de peintre. Une peinture qui s’est nourrie lors de son mois de résidence du lieu et notamment de l’île Barbe. La lumière, les arbres et bambous vus par la fenêtre de sa chambre et de l’atelier ont écrit l’histoire que vous allez découvrir.
Chaque jour, sa vision et ses sentiments ont construit des œuvres ou le décor, le mouvement, l’effacement ou la présence ont été saisis ; le paysage se jette devant nos yeux, affirmé, et c’est de cette présence-absence d’un oublié bien là que naît le mystère de la toile. Tout est là, ancré, coloré, tumultueux, et parfois diaphane mais quelque chose se passe ailleurs, à l’intérieur(e), dans les plis, entre les failles.
Entre illusions et regards, ces endroits sont imprimés sur des tissus et des toiles. Plus qu’une image, elle propose des sensations délicates dans lesquelles le regardeur peut se perdre, s’évader, se balader. Tantôt stricte, tantôt vaporeux, toujours au bord d’un rêve son processus de création raconte. Nous ne sommes pas devant une artiste qui tient sa technique comme essentielle, nous sommes devant une expérience où l’œuvre est une fenêtre sur, sous ou autour, telles des séquences dont le personnage principal est le spectateur. Les oubliés, tapis dans l’ombre, construisent un monde qui danse…
CW, septembre 2018.
Quelques danseurs oubliés sera visible du 19 au 28 octobre 2018.
Nous sommes les noyés d’un rêve à venir
Dehors, il pleut, un chien aboie.
Nous nous sommes peut être faits mordre par le chien, à moins que le chien ce ne soit nous.
Cela commence ici, dans ce nulle part, ces ruines, cette chance.
Quelques éclats rôdent
Si tu mets un pistolet sur ta tempe, quelle est la seule image qu’il reste ?
Tout est vent et quelques plis
Ciels, peau, vent, oiseau, confettis, couleurs échouées, cerf volant, drapeau perdu
Déchire tous les rideaux en un cercle
Rallumer les brouillons
Des lendemains sans maquillage
D’une vie itinérante et actuellement à Belle île en mer, Emmanuelle Rosso fait naître des œuvres protéiformes qu’elle réunit dans sa constellation du Blue Theater Project pour explorer la thématique de la tension des liens, entre perte et disparition. Son univers révèle les vestiges d’un scénario en cours. L’acte de création y est quotidien et prolifique : peintures, dessins, photographies, films, performances…
L’artiste dessine une trame entre esquisse et usure, entre les restes et leur théâtralité. Les matières naufragées, les brindilles, les cendres de ce qui fut, habitent un processus stroboscopique comme des séquences ressurgissent à la mémoire.
S’élaborent ainsi des installations qui mettent au jour « quelques détails oubliés » :
Emmanuelle Rosso peint comme on déterre une boîte à souvenirs.
Toute la poésie gît là, ce qui reste donne à imaginer aux regards ce qui était déjà traversé en souterrain par cette question: comment habiter en dehors de chez soi ?
Ana Zaninsky, juin 2018