L’étoile dans l’azur, une exposition d’Yveline Loiseur
© Yveline Loiseur, Sans titre 3, 2015 de la série Le langage des fleurs et des choses muettes, 2003-2020
L’étoile dans l’azur, une exposition d’Yveline Loiseur
Exposition du 5 juin au 24 juillet 2021
Vernissage le samedi 5 juin de 12h à 18h dans le cadre du Festival d’Art et d’Air.
Placée sous le signe de l’architecture, cette exposition réactive la question de la fenêtre et du regard par l’usage de la vitrophanie, en souvenir des images balbutiantes et fantomatiques des débuts de la photographie.
À partir de 1816, Nicéphore Niepce tente inlassablement d’obtenir une vue depuis une fenêtre de sa demeure à Saint-Loup-de-Varennes, près de Chalon-sur-Saône ; nous connaissons celle qu’il a réussi à réaliser en 1827 : Point de vue du Gras. Il semble inscrire l’histoire naissante de la photographie dans le prolongement direct de celle de la peinture, lorsque le paysage est perçu par la fenêtre, depuis un intérieur dans lequel prennent place les figures principales de la scène. Au tournant des années 1860, Charles Baudelaire contemple la ville, les deux mains au menton, du haut de sa mansarde et voit naitre l’étoile dans l’azur[1]. On entendrait presque, dans ces rêveries du poète à la fenêtre, le désir de l’architecte François-Régis Cottin de dessiner une tour panoramique qui, selon ses propres termes, ouvre à ses habitants le merveilleux spectacle des collines lyonnaises.
Il s’agit à L’attrape-couleurs de questionner les rapports entre architecture et figure humaine, recomposer le rythme des redans de la façade avec la lenteur d’une présence, mettre en tension l’architecture de la fenêtre et l’espace des images, habiter la fenêtre comme un fantôme ou un souvenir. Devenu vitrail, le cadre de la fenêtre est un piège cristallin, qui garde dans l’épaisseur de son humeur vitrée les apparitions fugitives de l’enfance et de l’adolescence. Il propose au spectateur une expérience sensible du temps et de la lumière, entre effacement et surgissement.
Posée sur la colline de la Duchère, cette étoile dans l’azur, qui converse avec les nuages et dévoile le tableau changeant de la ville, nous rappelle ces mots de Gaston Bachelard : Si on nous demandait le bienfait le plus précieux de la maison, nous dirions : la maison abrite la rêverie, la maison protège le rêveur, la maison nous permet de rêver en paix[2].
Yveline Loiseur
[1] Charles Baudelaire, « Paysage », Les Fleurs du mal, 1861
[2] Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, 1957