Chien Oublié, Aérographe, collage et feutre encre pigments blanc, 65×55, Fondation H – Paris ©Adagp 2021

M’barka Amor sera en résidence de recherche à L’attrape couleurs du 1er décembre 2023 au 29 février 2024.

Quelque mots de l’artiste sur le travail développé au cours de la résidence:

« Je souhaite poursuivre un travail de collage en deux dimensions. C’est une série qui s’intitule « Je t’aime moi non plus », elle se compose de paysages qui illustre des arrêts sur image amoureux. Des enlacements, des corps à corps, des effleurements, amoureusement, passion, feu, dévorant, tendresse comme une danse. Le corpus d’images de magazines populaire et comics sera la matière principale. Ces visuels se juxtaposent, se superposent et forment un ensemble cohérent presque en déséquilibre. Dans une totale abstraction des figures à envisager et des formes se saisissent à l’instant. 

Durant ce même moment, je réaliserai une vidéo qui sera l’aboutissement de la série Je t’aime moi non plus. »

M’barka Amor vit et travaille entre Lyon et Paris

​ »Je fais dialoguer dans mes créations humour et sérieux, simultanément ou conjointement. Dans ce contexte, je donne vie à la figure de l’absent en lui conférant la faculté d’action, sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, à les transformer ou les influencer. J’ai un pays au quatrième étage d’un HLM, un pays politique la France et un pays intime l’imagination. Ceux-ci sont les terres fertiles dans lesquelles je viens puiser la matière.

Je m’attache à actualiser l’histoire de l’orientalisme du XIXe siècle dans ces contradictions, ces projections fictionnelles et son héritage inconscient dans le monde contemporain.Je n’ai de cesse de m’interroger et de questionner la dimension de l’étrange / l’étranger.
Cela se traduit dans un premier temps par la recherche en sciences humaines: démographie, sociologie, anthropologie et littératures. Vient ensuite, un rituel à chaque fois répété, la récolte d’images récentes ou d’archives, échantillons chinés sur le net ou vieux magazines que je collectionne. Celles-ci me permettent de commencer à expérimenter une série de productions à partir d’une recherche théorique.
Dans l’atelier, simultanément j’active la pratique de l’écriture qui vient muscler le travail sériel.

Je prélève un choix de visuels, point de départ d’un exercice de composition de différents paysages qui viendront donner un ensemble d’œuvres portées par la recherche théorique. Spontanément, vient se rajouter dans cet espace le désir d’ériger la production en deux dimensions vers des volumes construits avec différents médiums (vidéo, installation sonore, dispositif performatif, sculpture).
 
C’est ainsi que le processus de création se met en marche: Chercheur/Créateur.
Le corps de l’étranger, sa dimension vivante, évanescente, expressive et tactile, ce corps délicat, insaisissable, réflexible, me permet de questionner notre place dans un monde normé, codifié.
Depuis mon trajet d‘enfant “d’étrangers”, tenter d’écrire une mythologie de l’immigration à travers mes créations est aussi le moteur principal et le cœur battant de ma profession d’artiste. La place de témoin me permet d’écrire une histoire fictionnelle afin de rendre visible le visible et ainsi mener une enquête avec des indices, des preuves et des abstractions.
L’exploration de nouveaux espaces, de nouveaux gestes façonnent l’œuvre dans des allers-retours constants entre découvertes théoriques et résonances intimes.
Ces allers-retours, cette dialectique entre l’intérieur et l’extérieur, le dedans et le dehors nourrissent le geste artistique. » M’barka Amor