Cédric Esturillo Cacciarella

Quasi Vivo
Une exposition de Cédric Esturillo Cacciarella

8 juin-27 juillet 2024

Site de l'artiste

 

L’exposition personnelle de Cédric Esturillo Cacciarella présente plusieurs médiums, de la peinture à la sculpture, sous la forme d’une grande installation qui instaure un dialogue entre les pièces, établissant une fiction sensible et subjective. Le titre en latin, qu’on pourrait traduire par « comme vivant » ou par « comme habiter dans un lieu » renvoie à l’intérêt de l’artiste pour l’histoire de l’art. Ainsi sont convoqués des références au baroque italien, au style rocaille et aux mythologies antiques dans un contexte poétique de la ruine.

Dans l’espace de l’exposition de L’attrape-couleurs, l’artiste installe un environnement qui propose des passerelles entre intérieur et extérieur. Il y a, au départ, cette volonté de mettre en scène ces objets urbains auxquels on ne porte que peu d’attention ; jardinière, gravats et objets à usage unique, tels que des cure-dents, des sachets de sucre ou des tickets de caisse collectés par l’artiste. À regarder de plus près, on peut apercevoir un hommage sensible aux sculptures de Serge et Fabienne Boyer installées en 1996 en face de la Tour panoramique sur L’esplanade Compas Raison. Cette porosité entre le dedans et le dehors est pourtant contrariée par le fait que les volets soient fermés. Bien que ceux-ci deviennent cimaises pour un ensemble de peintures, le regard est maintenu au sein de l’espace d’exposition.

Une série de sculptures en médium de bois teinté est présentée. Inspirées de la figure du corail, elles posent la question de la limite entre l’art et l’objet. Leurs pieds semblent animés par quelque chose qui tient du grotesque, terme qui se rapporte aux compositions décoratives réalisées par les artistes italien·ne·s de la Renaissance. A la fois sculptures, socles et enfin tables, elles accueillent un corpus d’objets divers trouvés ou fabriqués par l’artiste. A ces sculptures ambivalentes sont présentées en échos deux séries de peintures, Indra et Daphné. Cette dernière renvoie au mythe de la nymphe Daphné, maintes fois représenté dans la sculpture classique, et qui pose la question de la transformation comme moyen de survie. En effet, pour échapper à Apollon, Daphné sera contrainte de se transformer en laurier ou en corail, selon les versions. C’est bien à la lumière de ce récit que l’on peut appréhender l’exposition de Cédric Esturillo Cacciarella ; il s’agit ici de questionner le moment et la nécessité dans lesquels se fige la transformation de la matière. Une temporalité fabriquée qui peut se lire dans les deux sens, de la construction à la destruction. L’artiste a d’ailleurs imaginé un parcours d’exposition qui serait inversé, le public entrant par la fin et remontant jusqu’à l’instant où des structures semi-vivantes issues d’une jardinière délaissée ont commencé à se répandre dans l’espace d’exposition.

Ainsi, la relation complexe entre intérieur et extérieur, le jeu de temporalité ainsi que les multiples références à l’histoire de l’art interrogent notre relation à l’espace et au temps et permettent à l’artiste de déployer un récit aux multiples entrées et interprétations que chaque visiteur·euse peut s’essayer à construire ou à détruire.