Exposition de Benjamin Artola. Commissaire invité : Anthony Lenoir
L’attrape-couleurs invite le commissaire Anthony Lenoir qui propose un projet de collaboration avec le plasticien Benjamin Artola.
« Où vont les étoiles filantes ? »
Où vont les étoiles filantes ? – Vagabonder l’horizon.
C’est par son titre que débute une exposition. Souvent, il décrit ce que l’on s’apprête à voir. Parfois, il s’ingénie à nous déplacer. Ici, c’est en projetant notre regard qu’il recentre nos préoccupations. À l’horizon, c’est par la question que l’expérience s’engage.
En s’appropriant ce qui nous entoure, notre culture occidentale et plus particulièrement celle des années 1990 à nos jours, et en engageant ce même effet de déplacement furtif, Benjamin Artola met en mouvement notre contemporanéité avec humour, ironie et sagacité. Lorsqu’il utilise des références comme le ciel tramé d’un jeu vidéo, le dessin fluo inventé par le footballeur Jorge Campos, ou encore le symbole de l’enseigne d’une boîte de nuit (1), il les transforme en de simples motifs pour expérimenter un vocabulaire esthétique. Une fois créé, ce répertoire de formes participe d’une expérience du dessin et s’amuse à tester notre regard. Par exemple, une centaine de bouts de ficelles peints au feutre sont entreposés sur des étagères comme le seraient les matériaux de l’alchimiste dans son atelier. Le scotch blanc montre très bien cela également puisqu’en se basant sur un fait divers (une tentative de record du monde de plongée en apnée qui tourne court du fait d’une erreur des organisateurs qui oblige le plongeur à descendre dix mètres plus bas que prévu), elle propose « l’expérience d’une reconstitution rigoureusement graphique (2) » pour le visiteur et l’appréhension d’une distance quasiment mortelle pour le plongeur : une corde jaune, un scotch blanc, 10 m de trop, un fond bleu.
Pour Où vont les étoiles filantes ?, le bleu est récurrent. Il est une couleur enveloppante, presque englobante, se référant évidemment à l’eau. Les mers et les océans restent une partie inconnue de notre propre terre et à la manière de l’univers, cette invisibilité construit un potentiel
propice au bruissement de l’imaginaire. Dans l’océan comme dans le ciel, les éléments filent dans une apparente immobilité que seuls les moments de contact avec notre atmosphère rendent visibles. L’exposition est ce temps de visibilité issu du frottement d’un corps sur la surface de l’eau mais comme le disait Giorgio Agamben, « seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre intimité (3) ».
Entrer dans l’exposition Où vont les étoiles filantes ? c’est laisser s’immiscer l’idée que rien n’est acquis et en ressortir avec une version du monde où d’étranges questions apparaissent : Pourquoi les auréoles sont-elles carrées ? La plus longue distance entre deux points est-elle le raccourci ? Comment faire compliqué quand on peut faire simple ? Une pierre jetée dans l’eau doit-elle produire autre chose que des ronds (4) ? Où vont les étoiles filantes ?
Benjamin Artola, artiste plasticien, vit et travaille à Bayonne.
Anthony Lenoir, historien de l’art, vit et travaille à Villeurbanne.
1- Il s’agit de l’enseigne de la boîte de nuit le Jazz Berri à Arroa Bekoa au pays Basque qui représente une main tendant son index
en direction du regardeur.
2- J’emprunte ici les mots de Benjamin Artola.
3- AGAMBEN Giorgio, Qu’est-ce que le contemporain ?, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2008, p. 21.
4- Cette question est une référence directe à la pratique de Gino de Dominicis
Chargée d’exposition : Morgane Demoreuille
Exposition du 13 Mars au 15 Mai 2016
Vernissage le Samedi 12 Mars à partir de 18h
Site de Benjamin Artola
En partenariat avec le collectif MoïMoï
Le collectif Moï Moï agit depuis le pays basque. C’est une constellation d’artistes, musiciens, communicants, artisans de l’événementiel et de la médiation.
Moï Moï organise tous les étés le festival pluridisciplinaire Baleapop.
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