Gérard Gasquet
L’accélération de l’histoire, génère la peur de ne pas « être de son temps », ce qui crée en l’être une tension déstabilisante entre le temps nécessaire à la structuration personnelle, et l’absence de durée des formes et pensées du temps présent.
La peinture s’inscrit dans la durée, et en résistant par sa présence, à l’avancée parfois dogmatique des pensées, et des technologies, elle repositionne le temps philosophiquement, en empêchant que l’instant présent domine sur la durée.
Quant à la représentation de l’homme dans la peinture, il va de soi qu‘en impliquant l’image humaine en un temps structurant qui est celui de l’acte peint, le peintre « prend le temps » de découvrir l’humanité de l’autre… Et « prendre le temps » c’est ne plus se laisser prendre par lui, et par ses apparences…
…L’image produite par la peinture, peut être considérée comme « véritable image », car seule à concilier le temporel et l’intemporel. Réalisable en tous temps, elle est hors du temps, puisque non dépendante des médiums et média du temps présent.

Alain Lovato, sculpteur du monumental et arpenteur des espaces désertiques durant plus de 20 ans, a choisi de faire un projet spécifique à notre lieu, à l’architecture du bâtiment.
Il nous propose une structure traversante et établit ici la temporalité de l’oeuvre dans sa forme physique, c’est à dire dans le temps qu’elle propose à être parcourue par le spectateur. Au côté de l’ultrarapidité actuelle, cette invastructure mise en espace au côté du milieu urbain, en constante émulation, propose un temps irréellement figé. Son aspect fluorescent et sa forme en faisceau lumineux imbriquée dans la physique du bâtiment, représente tout autant un phénomène en devenir qu’un arrêt sur image. Ce qui traverse emprunte au temps une durée précise. Issue d’une longue série d’invastructures commencée dans les années 80, un second chapitre en simultané sera proposé dans nos locaux faisant état des structures passées et des étapes du projet.