Claire Georgina Daudin
Résidence du 1er juillet au 31 août.
Capturer les ombres
« Mon travail vise à montrer l’aspect éphémère de l’architecture pour signifier le temps en train de passer, avec l’idée que tout est tout le temps en transformation. Mon motif, ce sur quoi je m’attache, est l’architecture.
Je travaille à la Duchère pour ce projet. Ce qui m’a paru le plus pertinent dans ce territoire, avec sa topographie et sa physionomie propre, son implantation, est de travailler sur les ombres : c’était durant l’été, c’est très en hauteur par rapport au reste de la ville, et c’est situé en limite de la ville. Il y a donc un rapport au paysage intéressant et spécifique.
Les ombres des bâtiments de ce grand ensemble, notamment de la Tour, où se situe l’espace d’art contemporain, sont intéressantes. La Tour en particulier, du fait des nombreux angles dont son architecte François-Régis Cottin l’a dotée. Ces angles dessinent des silhouettes qui m’ont intéressée. Celles-ci sont multiples car elles varient en fonction du moment de la journée. J’ai voulu capturer les ombres pour montrer cette transformation permanente. Les ombres sont du dessin. Le dessin est le medium avec lequel j’ai le plus d’affinités, mais je l’utilise souvent de manière détournée. Le moyen qui m’a semblé le plus approprié pour les saisir est une technique photographique très ancienne qui s’appelle le cyanotype.
Le rapport au corps et à l’échelle : je travaille ici sur le monumental, l’échelle 1. Je ramène tout ça dans l’espace d’expo. Faire rentrer l’ombre du bâtiment dans le bâtiment lui-même.
C’est immense. Pour comprendre tout ça, je me suis moi-même frottée à l’immense en circulant sur le plateau, en travaillant avec tout cet ensemble architectural comme sujet du travail. J’ai donc travaillé avec mon corps, j’ai marché, je me suis confronté. J’ai entraîné d’autres personnes dans cette confrontation dans laquelle on contourne, on se baisse, on se lève, on regarde le ciel : il y a une position du corps qui est voulue, des postures qui sont très nombreuses. Le corps est très sollicité pour embrasser l’espace et les éléments qui le constituent. »
Claire Georgina Daudin, août 2021