« Si tout se passe comme prévu, sans cataclysme physique ni métaphysique d’ici la fin janvier, l’exposition comprendra deux pièces, une pour chaque salle.
J’ai failli écrire: si tout se passe bien et non comme prévu ? Ne faut-il pas que l’inattendu survienne ? Et alors, vive catastrophes caprices et éruptions? Si ça se passe exactement comme prévu, n’est-ce pas que ça se passe mal ?
Mais pour l’instant, il s’agit de se rassurer, de rassurer les partenaires, de tenir un budget, d’ assurer le communiqué de presse, un peu plus tard d’assurer les oeuvres. Toutes ces choses commandent de prévoir. Toutes ces choses sont parfois contraires à la chose artistique, rétive fondamentalement à la prévision. Acceptons toutefois que la chose fondamentalement artistique est imbriqué dans les choses (à prévoir) au point de ne pas exister sans elles, de ne pas s’en distinguer, de ne pas exister du tout peut-être, sauf romantisme ou conceptualisme purs, boursouflure d’âme ou reflet d’intentions.

Donc, si tout se passe bien et comme prévu, l’exposition comprendra deux pièces, une pour chacune des salles.

La première, une installation, aura pour titre: “HORIZONTALES ET VERTICALES”. Ce titre d’un modernisme académique total, sera aussi le titre de l’exposition. La pièce, de conception abstraite mais de réalité terriblement concrète, austère, sans tristesse j’espère, sera faite comme il se doit, c’est-à-dire comme je la dois, compte tenu de l’ensemble de mon travail qu’il faut bien continuer, avec tables, chaises, récemment suspentes en corde, visserie, arrangées ici en Horizontales et Verticales, logiquement par rapport au lieu, donnant à voir les forces qui sont réellement ou perceptuellement en jeu etc. Cette pièce exige une préparation minutieuse. Prévision donc mais soyons assuré d’être surpris. La deuxième pièce, dans la salle du fond: une peinture murale, ou plafonnale -pariétale? plus fantaisiste, plus dramatique, que la première. Elle pourrait avoir pour titre…j’avais envisagé un titre… que je ne livrerais pas car, outre qu’ il ne faut pas abuser des titres, ni d’ailleurs des sans-titre, celle-ci restera en-attente-de-titre. L’incertitude commande la retenue, et pourquoi pas le mystère. Incertitude, pas indécision. J’ai décidé d’être incertain. Retournons la crêpe: suis-je certain d’être indécis? Non, je sais exactement ce que je veux faire pour réaliser le glissement vers l’ oeuvre, depuis l’intuition. Désir, essais, lâcher.

Pas de lien strict entre les pièces sinon leur unité thématique, mathématique et polymane. »

Dominique Blaise, 15 décembre 2004