Antoine Palmier-Reynaud actuellement en Résidence
Dans le cadre des deux volets de ses résidences « Naïve Négative Creep 1 & 2« à L’attrape-couleurs, Antoine Palmier-Reynaud publie régulièrement une image et un texte qui rendent compte au jour le jour de sa pratique artistique, qui, à son terme, prendra la forme d’une publication.Résidence de travail//Commissariat Maison Pieuvre.
Programme
CV d’Antoine Palmier-Reynaud
Etat Souverain de réalité, Triangle 3
Entretien avec Jean de Loisy
Performances et actions publiques
Texte et Cartel COUAC
Wathever Works
« Elle a un petit bois, une petite chapelle avec un clocheton, de petites villas aux murs blancs et roses donc chacune a un nom, nom tout d’amour : Mon bijou, Mon caprice, Ma folie… même si au bout, il y a un château de mélodrame […] l’île n’est qu’un petit, paradis de plaisir. A la même place où s’agenouillaient de chastes anachorètes, se couchent le lion et la lorette en partie fine« . Francis Linossier, écrivain// extrait des Mystères de Lyon, Hachette Livre BNF, 2012
« Naive Negative Creep: Not so easy to takes colorsblind… »
Installation Performée //Techniques mixtes, Dimensions variables
« Tu ris et tu parles tout seul, comme un idiot, au fond de ton lit, dissimulé sous les couvertures. En écoutant tomber la neige qui ne fait aucun bruit. Tu souris au silence qui s’épaissit. Au ciel qui se vide de sa nuit. A la terre qui redevient blanche. A ton gros bonnet de laine. A tes dix ans. »
Jimi Turner, philosophe// extraits de Texte anonyme.
« Même celui dont le cœur est pur et qui chaque nuit dit sa prière peut devenir une bête lorsque fleurit la mort aux loups et resplendit la lune d’automne »
Extrait de Wolfman, réalisé par Joe Johnston // Extrait de « Les mots de passe de l’art, Action phénoménologique et performance psycho-sociale » d’Antoine Palmier-Reynaud.
« La jeunesse est une ivresse continuelle ; c’est la fièvre de la santé ; c’est la folie de la raison. »
Laroche-Foucauld, extrait des citations Papillote Réveillon.
Un père à son fils, en regardant les étoiles : « Si tu es assez valeureux, alors un jour je donnerai ton nom à l’une d’entre elles ».
Anonyme
« A la morgue ; fais comme chez toi mais n’oublie pas que c’était chez moi »
Dessins performatifs//Technique mixte sur des échantillons de tapisserie
Le cochon s’appelait Marlène
Collages & Photographie // Photographies pliées « en avion de papier », plumes
« Paris, j’avais oublié ta tristesse, tes odeurs de merde, ton charme dans les regards fatigués du matin. Tes soldats kalash, tes esclaves cravates, tes martyrs du banal. Paris, femme fatale, tu en laisseras plus d’un se prendre au râteau. Plus d’un, dans le métro à se perdre. »
André Blink, écrivain et artiste plasticien// Extraits du « work in progress » de Au jour le jour & De nuits en nuits
L’artiste tient à faire savoir au monde de l’Art (qui n’est ni le monde des œuvres ni le monde des artistes) mais aussi au monde entier ; qu’il prétend « performer » l’Art du 20e siècle et compte bien « niquer » l’Art du 21e siècle. Car il n’y aura pas, selon lui, d’Art du 22e siècle pour la simple et bonne raison qu’il n’y aura pas de 22e siècle. Mais la vélocité du monde contemporain devrait permettre de condenser quatre siècles d’histoire dans les 82 années de vacuité restantes…
Chrysis Barthély, critique d’art//extrait de Peer to peer : un art « symptomatique » et psycho-social
Le désespoir des singes :
Dossier de Presse
PILATE. Formation musicale//Extraits de la chanson « Loving’ cattles« , album maxi « Test-tube/FM’archives«
A bitter Beat
Collage numérique / Impression sur papier Sticker , Dimensions variables
« Les conséquences de la colère sont beaucoup plus graves que les causes »
Marc-Aurèle, extrait des citations Papillote Réveillon
« A la morgue ; fais comme chez toi mais n’oublie pas que c’était chez moi »
Dessins performatifs//Technique mixte sur des échantillons de tapisserie
Chrysis Barthély : « Dans un entretien récent vous souhaitiez annoncer « niquer le réel » ; qu’en est-il aujourd’hui ? »
APR : « Le réel est coriace mais l’imaginaire est sans borne et notre volonté ne trouvera jamais de limite. »
CB : « Même si votre travail artistique semble relever une certaine forme « d’expressionnisme », il recouvre une dimension presque conceptuelle, pouvez vous nous en parler ? »
APR : « Le désordre ; c’est mon schéma baby ! »
« Ghost spider buster teenage mutant »
Performance in situ // Collage numérique sur stiker semi-transparent, Dimension variable
CB : « Et l’art brut ? »
APR : Après avoir travaillé longtemps dans le monde du handicap j’essaye de développer une pensée non pas de l’art brut mais de l’art brutal. Car je suis ni une brute ni un abruti comme l’expression « art brut » semble vouloir le définir. Savez-vous quel est, selon moi, le point commun entre Marcel Duchamp et Kurt Cobain ? C’est que tous les deux sont venus, ont vus, et ont mis tout le monde d’accord au-delà de leur discipline respective. Après avoir tout niqué, l’un s’en est allé jouer aux échecs, l’autre s’est donné la mort. Dans une certaine mesure ; c’est du pareil au même. C’est de l’art brutal, et ça m’intéresse. Et pour revenir à l’art conceptuel, ça ne me désintéresse pas. Par ailleurs, j’aime bien avoir mal, ça m’aide à me concentrer… enfin… ceci n’est pas une pipe. »… Pour tout dire, je réfléchis actuellement à une exposition qui se titrerait: » Salvador Dali, dans un état de paranoïa critique avancé avait peut-être raison: André Breton est trop intellectuel, trop dogmatique, trop chiant!…Non, je rigole… »… Mais ce titre serait certainement trop long. .. quoique pour Dali…
(rires)
» OFFSPRING (Il n’y a pas que les gens importants qui sont importants ma reine.) »
Performance in situ // Plaque en marbre, crayon de papier, gomme et bave de l’artiste// Façade de l’annexe de la Mairie du 9ème arrondissement, Lyon
Performance (vidéo)
CB : « Dans votre activité récente, vous semblez croiser commissariat d’exposition et pratique artistique. Comment envisagez-vous la relation de l’un à l’autre ? »
APR : « Après avoir tenté d’être un artiste peintre j’aimerais aujourd’hui tenter d’être un artiste martial. Dans ce cas là, et seulement là, je ne ferais pas, surtout pas, de l’art brutal. Par ailleurs, je suis un Gremlins. Une fois la lune vidée, puis pleine à nouveau, je me réveille en loup comme un tragédien, un commissaire d’exposition « un sous-lieutenant » d’exposition en fait, un « homme de main de la pensée ». De fait. Un homme orchestre en réalité.
J’aimerais pouvoir mettre dans le mixeur panasonic de l’ art contemporain : Witold Gombrowicz, Antonin Artaud, John Bock, Coste, Otto Muehl, Kantor, Paul Teck, Jacques Monory, Rembrandt, René Magritte, Paul McCarthy, Rudolf Schwarzkogler, Joel Peter Witkin, Nan Goldin, Lili Reynaud-Dewar, Arnulf Rainer, le Caravage. L’exposition serait titré « Quelles sont les relations entre le vocabulaire criminel et le vocabulaire artistique ? »
Ou alors « Si vous mouillez Gizmo ou si vous lui donner à manger après minuit, il risque de se transformer en artiste et de faire un carnage… ».
Mais ce titre, encore une fois, serait sans doute trop long… »
In love Bastard
Performance in situ // Collage numériques, Impression Inkjet, Format A0 // Façade de l’annexe de la Mairie du 9ème arrondissement, Lyon
Chrysis Barthély : Antoine, pardonnez-moi cette question, mais on peut se dire parfois, à vous entendre, que vous n’aimez pas le monde de l’Art… ?
Antoine Palmier-Reynaud : Vous voulez rire ? Je déteste le monde de l’Art. Mais je voue un culte infini au Monde des Œuvres et à ses partisans -qu’ils soient artistes, critiques, commissaires, collectionneurs, galeristes ou administrateur de l’art – un respect sans fin pour les Artistes… et puis, je crois que j’ai dédié ma jeune vie à triturer l’histoire de l’art… Il me semble que c’est la juste attitude à tenir pour un artiste français . Le reste n’est que du show business dans une mafia d’amis à laquelle je suis tout à la fois fier et honteux d’ appartenir. Fier car faire de l’Art relève parfois d’un courage titanesque… et honteux car au regard de la pauvreté mondiale, nous ne sommes que les fournisseurs d’une « offre-demande » qui appartient de l’industrie du luxe…mais aussi à l’industrie de la culture… pour ma part, j’essaye de réenchanter cette idée en imaginant qu’il s’agit-là d’une industrie de la poésie et du rêve
(rires)…
La cheminée en valait plus d’un
Performance in situ // Dessins issus de l’exposition « Etat souverain de réalité / République populaire de paranoïa,Format A4 // Cheminée de l’annexe de la Mairie du 9ème arrondissement, Lyon
Chrysis Barthély : Pouvez-vous, de tête, nous réciter l’une de vos chansons ?
Antoine Palmier-Reynaud : Oui, avec plaisir, je vais même tenter de la fredonner :
Les doigts défaits,
Des pierres dans l’eau,
Colibri centenaire en phase binaire
Charivari de Dieux branchés
Paratonnerre en phase terminale
Tutti Frutti sur le siège des Bermudes
Balance Bouchàm’ Sade & Pervenches
Stephen King Kong taciturne et Tonitruant
Cannibalisme poétique du réel.
Infra réalisme bariolé de bleu blanc rose.
Truculence rococo Anna
Truculence rococo Anna
Truculence rococo Anna
Chrysis Barthély :Pouvez vous nous parler de votre démarche artistique ?
Antoine Palmier-Reynaud :
Il n’y a pas de démarche dans ma pratique artistique… seulement une marche.
De la même manière qu’il n’y a pas de défaite ; uniquement des « faites ! » et c’est presque toujours catastrophique et j’adore ça ! (rires)
Il s’agit parfois pour moi de mettre des coups de boules dans du plâtre… Y a –t-il une démarche intellectuelle légitime à cela ? Non. Il ne s’agit que d’une expérience, artistique ou non, qui en vaut une autre…celle de mettre un tableau dans la porte d’un frigo…ou encore une plume d’autruche dans l’angle d’une galerie…
« Il s’agit de mettre un peu d’absolu dans la mare aux grenouilles » disait Pablo Picasso. C’est ce que je tente moi aussi d’entreprendre. Cela et son contraire ; c’est-à-dire que j’essaye de mettre aussi « des grenouilles dans la mare de l’absolu »…et des ecstasys ! … (Rires)
Mon travail consiste à dire une chose et son contraire… et vis versa…et si possible même temps…dans le même espace… Bref, c’est-à-dire être un sculpteur, entre plein et vide. A la limite….
Dans le cadre de ma résidence ici, à L’attrape-couleurs, à l’île Barbe , île barbare si on s’intéresse à la grande Histoire qui est liée à ce site, j’ai essayé de travailler chaque jour en ces termes…y compris le dimanche…en même temps que les boulangers, les poissonniers, les prêtres, les peintres du dimanche…
J’aimerais un jour pouvoir dire que je travaille grâce à l’intervention de l’esprit sain…ce serait génial de pouvoir toucher ce que d’aucun nomme « La Grâce » ; Mais pour l’instant, je suis obligé de me contenter d’essayer, au jour le jour, d’imprimer sur les objets que je produits l’humeur de mon atelier d’artiste…
Cela dit, les artistes qui tentent de mettre en forme un seul regard, une seule intention dans une œuvre d’art manque, selon moi, d’ambition…
Prendre le risque de trop en dire, du « Too much » comme le sanctionne certains de mes confrères, c’est oser se confronter au vide de l’abondance, à la « plus-value poétique » qui fait sa dimension sacrée …mais aussi sa « facture » financière…
…dans une « société du surplus » face à laquelle on n’a pas le choix d’appartenir à l’exception de la quitter. C’est le paysage merdique qu’offre aujourd’hui l’occident au 21e siècle…
… un continent entier qui aurait décidé de rendre prioritaire la crise économique au moment de notre Histoire où la crise spirituelle et environnementale est à son comble…
Ce monde me sature. Je suis, à le regarder, plein de bruit. (Photographique).
…Mais je ne perdrais pas mes sourires pour mes ennemis…Et puisque tout le monde semble vouloir marcher sur les plafonds, je ne vois pas en quoi une pratique artistique qui oscille entre rationalisation et empirisme n’est pas en échos avec le monde contemporain …
Les fronts de guerre qu’ouvre une image, un sentiment ou une idée sont toujours difficile à traiter. C’est pourquoi j’ai opté d’être un artiste martial dans ma pratique d’artiste plasticien. S’opposer à plusieurs combattants chimériques…En plus, je vous l’ai déjà dit, j’aime bien avoir mal…ça m’aide à me concentrer…
Like a deep vermillion in a bed of roses & nails.
Collages numériques / Impressions Inkjet contrecollé sur dibon, Format A1
Chrysis Barthély : « Quel est l’objectif profond de votre pratique artistique ? »
Antoine Palmier-Reynaud : « Niquer le réel. »
CB : « Pourquoi ? »
APR : « Parce qu’on se fait chier à mourir et que quitte à mourir, je préfère mourir de rire… »
CB : « Vous semblez vous positionner comme un artiste romantique du 21e siècle… Et cela dit votre pratique… »
APR : « Oui peut-être. Mais n’oubliez pas que le romantisme n’est qu’une question de Larsen et de peinture étendue sur une toile brulée. En fait, plutôt que romantique, mon travail relève d’un art emocore, c’est-à-dire émotif et hard-core comme une peinture de Larsen sur une toile brûlée… »
Monuments aux Lonely TOOns Morts.
Installation // Projet pour un square et un jardin Français
Chok Dee
CB : « Alors quels sont les artistes qui vont inspirent ? »
APR : « Actuellement, j’aime me penser idéalement comme « un Paul Teck », un « Mike Kelley » ou un « Bruce Noman » français… Un de ceux-là qui auraient trop bouffé de peinture fantastique et spiritualiste… un artiste qui envierait Van Gogh pour sa capacité à étaler de la croute pour représenter l’infini absolu d’une chambre à coucher ;
et la renommé d’un « Antoni Gaùdi » pour pouvoir être en mesure de proposer « un palais idéal du Facteur Cheval » fantastique dans une ville typique de son pays natal ; sans pour autant passer pour un fou ni pour un « Thierry Herman » à demeurer éternellement dans le chaos. »
Extrait de Peer to peer : un art « symptomatique » et psycho-social // entretien entre Chrysis Barthély (critique d’art) et antoine Palmier-Reynaud (Artiste).
Picabia = Mary Poppins.
Performance / Impression inkjet sur Plexyglass, Cheminée de l’annexe de la Mairie du 9ème arrondissement, Lyon
I hate myself and I want to die… but not every day… AIR…
Twan syllapine baa
Collages numériques / Impressions Inkjet contrecollé sur dibon, Format variable
« La vie ressemble à un conte, ce qui importe ce n’est pas sa longueur, mais sa valeur »
Sénèque, extrait des citations Papillote Réveillon
Xeroquel
Collages numériques / Impressions Inkjet contrecollé sur dibon, Format A3
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« De la rationalisation du cauchemar social vers un conte de fée pour adultes…
Depuis 2002, Antoine Palmier–Reynaud travaille à son projet WHATEVER WORKS . Ensemble de travaux puisant leur inspiration dans des domaines tels que l’atelier, la rue, la maison, la fête, l’animalerie, le supermarché.
Depuis ces environnements, qui sont un réservoirs de formes, l’artiste développe une panoplie de signes qui définit un regard en négatif. Contradictoire.
Ici , la fantaisie se mêle à l’ objectivité. La tautologie à la prospection. La forme à sa fuite.
Entre onirisme et désinvolture, il s’applique à décrypter l’articulation de l’abondance au désœuvrement.
Si Antoine Palmier-Reynaud est fasciné par les phénomènes biologiques et culturels qui se jouent dans nos espaces professionnels, récréatifs ou intimes , il l’est aussi par tout élément propice à devenir « figure ». Ainsi, matériaux, objets, aliments, animaux, personnes, gadgets, mouvements, sont mis en tension dans des situations plastiques où les gestes de sublimation et de distorsion occupent une place centrale. Autant dans le traitement qu’il applique aux images que dans les performances qu’il constitue autour de ses sculptures.
Symptôme plutôt qu’ oeuvre, le travail d’Antoine Palmier Reynaud est une mise à l’épreuve des parti-pris . Où la vision prismatique qu’il propose se meut dans une forme d’inconstance poétique. Un paysage nerveux où postures et statuts tendent à se redéfinir à chacune de ses expositions. »
Gas Barthély, commissaire d’exposition pour Maison Pieuvre